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pokou

(c) https://pascalmpeck.com/la-reine-pokou-the-queen-pokou/ credit photo d’illustration

Nièce du fondateur de la confédération Ashanti de l’actuel Ghana, Abla Pokou devient reine légitime après la mort de son oncle et ses frères. Traquée par les assassins de son frère, elle a la responsabilité de son peuple et décide de fuir vers le Nord-ouest. Freinée par un fleuve immense et turbulent qui réclame quelque chose de cher à leurs yeux, elle endosse la responsabilité de donner son bien le plus précieux.

À la mort de son neveu, la guerre éclata entre Dakon le second neveu et un vieil oncle de la famille. Dakon, frère d’Abla Pokou fût tué lors d’une lutte dans la capitale du royaume de Koumassi. Comprenant l’enjeu, Abla Pokou souveraine légitime comprit que le même sort lui serait réservé si elle ne partait pas.
La légende raconte que son peuple et elle marchent pendant des jours essayant de fuir ses détracteurs. Ils se retrouvent à la frontière entre le Ghana et la Cote d’ivoire en face du fleuve Comoé. Malheureusement le fleuve trop turbulent est infranchissable. Pour maintenir en vie ses sujets qui lui avaient accordé toute leur confiance, la reine cherche une solution pour traverser le fleuve et s’en remet aux divinités.

Elle demande donc à son devin de demander aux génies du fleuve ce qu’ils voulaient afin de les laisser passer. Celui-ci répondit que les génies voulaient en offrande ce qu’ils avaient de plus cher, en l’occurrence “leurs enfants”
Se sentant responsable de la survie de son peuple, elle refusa que ses fidèles se sacrifient à sa place.
Malgré les pleurs de ses sujets étonnés de cette décision, la reine déterminée avança en direction du fleuve avec son fils dans les bras. Le regardant tristement une dernière fois dans les yeux avant de l’offrir au fleuve. Le sacrifice fait, le fleuve s’est immédiatement apaisé. La tribu traversa enfin. Avant la traversée, la reine n’avait fait couler aucune larme. Arrivée sur l’autre rive, elle poussa un cri en sanglot : « BA OULI » qui signifie « l’enfant est mort ». C’est de là que vient le nom de la tribu « Baoulé », en souvenir de cet enfant.

La capitale traditionnelle de l’ethnie fut baptisée Sakassou qui veut dire « lieu des funérailles ». La Reine règnera des années dans la région de l’actuelle Côte d’Ivoire en créant des cités-États en huit clans principaux : les N’gbans, Oualèbo, Agbas, Ahitous, Nzikiplis, Nanafwès, Saafwès, Faafwès. Elle offrit une place de choix à la femme dans la société traditionnelle Baoulé en initiant les femmes à la danse « Adjanou », un rite sous forme d’exorcisation révélant le pouvoir caché de la femme.

L’histoire de cette reine courageuse et déterminée sert à comprendre la notion de sacrifice qui au travers de cette légende par la transmission orale traverse les frontières depuis des siècles.

Carelle Laetitia

The author Carelle Laetitia

Diplômée de Droit Public International, Carelle Laetitia Goli est une jeune femme ivoirienne qui croit fortement en l’idéal d’un monde de justice et de libertés