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La “Sery inédite”, pour qu’elles ne soient plus jamais silencieuses

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Des visages, des histoires, de l’émotion, des mots, des mots et surtout des mots…. Des mots qui ont manqué, des mots qui sortent, des mots qu’elles n’ont pas pu exprimé par peur, par honte ou juste parce que ne pas parler ça leur permet de ne pas se rappeler.

Elles, ce sont des femmes qui ont pu vivre des expériences qui les ont marquées jusqu’à transformer le cours de leurs vies. Ces femmes ont désormais l’opportunité de se livrer et d’épancher leurs coeurs. Mais surtout de partager ce brin de leurs vies avec d’autres femmes qu’elles. En effet, à l’initiative de l’ancienne Miss Côte d’Ivoire, aujourd’hui entrepreneuse et femme de média, Madame Sery Dorcas, chaque Samedi soir (20h00 GMT) sera l’heure du ”confessional” sur la chaine de Télévision Life TV diffusée en Cote d’Ivoire sur le Canal 206 et aussi sur la TV d’Orange.

La Sery inédite qu’est-ce que c’est?

Un talk show, un moment entre femmes, une confession canapé, une discussion , bref… c’est un peu de tout ceci. Dans la Sery inédite les femmes expriment confient à leur hôtesse Sery Dorcas,ce qu’elles ont gardé pour elles. Des histoires personnelles comme le viol, la maternité solo, les concours de beauté, la vie conjugale… Autant de sujets que rencontrent les femmes et qui restent tabous dans notre contexte social et culturel.

Le viol aussi?

Oui, le viol!!! Le premier épisode est dédié à cette thématique. Une survivante qui décide de témoigner à visage découvert de ce qu’elle a vécu. Un moment d’émotions que pourront vivre des survivantes, des familles, des ami.es.

Un miroir pour la société, une retrospection, mais surtout une mise à nue de tous les bourreaux. Une mise en garde, celle de dire que la honte doit changer de camp et de visages.

La diffusion:

Retrouvez 12 épisodes diffusés chaque Samedi à 20h00 sur Life TV et la TV d’Orange. Nous vous invitons à vous installer devant vos petits écrans Pour ce beau moment de télévision et de sororité.

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Industrie du cheveu entre vol, business-trafic et violences

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Nous sommes en décembre, et c’est la “période des fêtes”, comme on le dit chez nous à Abidjan. Les “habits de fête” et “les cheveux de fête” sont de mise. Et en Côte d’ivoire, les ivoiriennes à l’instar de beaucoup d’africaines, (d’afro américaines )du continent et de la diaspora aiment les cheveux. Mais, elles préfèrent pour la plupart ceux d’autres origines. Brésiliennes, péruviennes, cambodgiennes, malaysiennes, indiennes, elles savent en reconnaitre les différents types et surtout les grades. Ces extensions proviennent en majeure partie de l’Inde et de la Chine et mais aussi du Brésil, et de plusieurs autres pays d’Amérique latine et même d’Europe de l’Est. C’est une industrie extraordinaire et qui a fait la fortune des magnats du secteur. Raides, bouclées, courtes, longues et colorées les extensions embellissent des femmes qui sont prêtes à payer toujours plus cher. C’est une industrie lucrative qui pèse aujourd’hui plusieurs centaines de milliards de Francs. Si la plupart de ceux qui tiennent ce business juteux montrent que les extensions proviennent de dons ou de ventes légales de leurs cheveux par les femmes, une réalité est occultée. Celle de tout un trafic illégal et la violence derrière le business du cheveu.

Business, Argent, Beauté…

Les mèches et perruques et autres accessoire capillaires datent de plusieurs siècles, en effet, les extensions de cheveux ou les pièces de cheveux ont été utilisées par les Égyptiens depuis l’Antiquité, en particulier dans l’Égypte ancienne. Cette époque historique a également vu l’invention de la méthode du tissage. Cette pratique est arrivée jusqu’à nous et c’est une industrie très florissante. Auparavant, les extensions étaient de type synthétique ou fabriquées avec du caoutchouc. Aujourd’hui, le marché africain d’extension de cheveux (humains) est estimé à 619 milliards de dollars, (soit 383 072 289 268 468 de francs cfa). Une activité lucrative au vue de la demande de plus en plus grandissante et surtout de l’accessibilité au marché asiatique. Car il faut le préciser, l’Asie est le principal fournissseur des extensions de ce type.

De nombreux et nombreuses entrepreneur.es ou salons de beauté ont fait fortune quand a débuté la ruée vers le cheveux. Le marché principal concerne les femmes noires, afro ou métissées. Les stars les plus célèbres, les médias, les icônes de mode ont favorisé cette tendance en faisant rêver une génération entière de femmes. Abidjan, Lagos, Kinshasa, Bamako, Ouaga, Dakar… les grandes capitales ouest-Africaines sont innondées de cheveux de tous genres. Les africaines sont coquettes et leurs coiffures le prouvent.

En Côte d’Ivoire, les prix sont vertigineux souvent en moyenne jusqu’à 500 ou 600 mille francs Cfa pour à peu près 300 à 400g de cheveux. C’est un marché qui semble ne connaitre aucune crise. Et avoir une meilleure qualité d’extension témoigne d’une aisance financière. Les extensions humaines sont présentes partout, c’est une demande qui va encore et encore s’accroitre ces prochaines années.

© Jeune Afrique

À quel humains prend on tous ces cheveux?

A Madagascar, le vol des cheveux constitue une grande menace pour les femmes.

La réponse la plus répandue à la question de la provenance des extensions est celle des dons que font les femmes indiennes dans les temples ou aussi la vente volontaire donc profitable des donneuses. Le temple Tirupati situé dans la ville d’Andhra Pradesh au Sud de l’Inde, est le premier fournisseur mondial. À priori rien de bien anormal.

Rallonges capillaires – À un cheveu de l'éthique
Femme se faisant raser la tête

Cependant, nous avons aussi été à Antananarivo (Tana), la capitale de Madagascar où nous avons d’autres informations. Les femmes de cette villes ont pour la plupart des cheveux qui ressemblent à ceux qui sont commercialisés dans d’autres parties du monde. Les Malgaches sont en effet les descendants d’un mélange entre des Africains et des Asiatiques. Curieux de savoir si les femmes étaient aussi des donneuses comme c’est le cas en Inde ou ailleurs, nous avons posé la question de savoir si c’était possible de se procurer des extensions de ce type sur place. Si en effet il y a aussi un business moindre et méconnu du cheveux dans cette partie du monde, une réalité moins glamour s’y cache.

Les femmes à Tana sont victimes de sévices pour leurs cheveux. Elles sont victimes de coupe forcée de leurs cheveux, d’enlèvement. Selon notre source, certains hommes vont jusqu’à séduire les filles pour leur couper les cheveux dans l’intimité. Les cheveux malgaches semblent être de “meilleure qualité que ceux provenant de l’étranger”. D’où la recrudescence des vols dans la capitale. Les voleurs ciblent principalement les écoles, les marchés. L’on dénombre au nombre des victimes des élèves et des adolescentes. C’est l’information que nous avons eue sur place. La Gendarmerie appelle à la vigilance de tous, et rappelle que le vol de cheveux constitue une violence et est ainsi sanctionné conformément à la loi. La Gendarmerie entreprend des patrouilles au niveau des zones populaires notamment les marchés et les alentours des établissements scolaires.

Sur les réseaux sociaux, les victimes témoignent :

« Je faisais mes courses à Analakely le 27 mai dernier, quand une femme de taille moyenne m’a prise par mes deux oreilles. Surprise, je me suis immédiatement retournée et je l’ai vue avec un ciseau à la main. Mon premier réflexe c’était de la gifler, quoi qu’elle ne m’ait pas épargnée. En fait, j’avais des brûlures sur mes oreilles à cause d’un genre de colle que ses mains ont laissé. J’étais également très étourdie », témoigne Hary T., une jeune femme ayant de longs cheveux. « En voyant mon état, un homme de passage m’a accompagnée jusqu’à l’arrêt bus, dans lequel j’ai pu reprendre mon esprit », ajoute la victime.

Avec la crise actuelle,” les voleurs n’hésitent plus à couper les cheveux longs dans les rues. C’est de l’argent facile puisque bon nombre de salons de coiffure les achètent en proposant des prix alléchants »,se désole Fy R., mère de famille qui a été témoin d’un cas similaire devant sa maison.

Pour sa part, une autre jeune fille a récemment pu s’échapper aux voleurs de cheveux longs. « Je marchais à pied pour rentrer chez moi quand une femme m’a abordée dans la rue, me demandant si mes cheveux sont à vendre. Après mon premier refus, elle a insisté en proposant un prix de près d’un million d’ariary (environ 140 milles francs cfa). J’ai continué ma route sans y faire attention. Mais en me retournant, j’ai remarqué qu’elle m’a suivi avec 4 hommes. Il a fallu que j’entre dans un magasin de friperie pour me cacher afin de leur échapper. En racontant ce qui s’est passé à la vendeuse, elle m’a confirmé qu’une jeune fille a également été victime la veille », relate Fy A.

Notre contact sur place a aussi confirmé ces témoignages, ‘‘C’est particulièrement en ville que l’on rencontre cela…Il y a eu des moments ou on mettait des casquettes ou autres pour cacher les cheveux”; “c’est un business /trafic au delà de nos frontières”. Les victimes de ces actes encourent de grands dangers pour leurs vies et leurs santé ainsi que de grands traumatismes.

Ailleurs aussi… une mafia des cheveux

Selon le Journal le Monde en Inde, des femmes et des enfants seraient forcés à vendre leurs cheveux, et des gangs s’empareraient même de ce trafic, rapportait en 2006 un autre article du Guardian. En Russie, le Centre de Moscou pour la réforme des prisons a estimé que des gardiens avaient pu raser de force et vendre les cheveux de prisonniers. Certaines femmes appelées des donneuses sont exploitées dans ce commerce en vendant leurs cheveux à cause de leur extrême pauvreté. C’est le noeud de l’exploitation. Si l’on considère le prix exorbitant des bottes de cheveux humains, les femmes qui les vendent sont elles payées proportionnellement.

Une véritable mafia des cheveux– selon l’expression empruntée à la gazette des femmes – a émergé en Europe de l’Est. En 2006, en Russie, un collecteur de la compagnie ukrainienne Raw Virgin Hair, spécialisée dans les cheveux européens naturellement blonds, s’est fait abattre par balle par un concurrent. Une compétition féroce s’est installée entre les collecteurs de nattes blondes qui, achetées à des femmes pour moins de 100 dollars (environ 63000fcfa), seront revendues plus de 2 000 dollars (environ 1.237.035 fca).

La loi de l’offre et de la demande fait son œuvre : certains n’hésitent pas à recourir à des stratagèmes douteux, voire illégaux, pour se procurer la lucrative matière première. Au Brésil, la police a rapporté de nombreuses « attaques de cheveux » commises par des collecteurs surnommés « chasseurs de scalps ». En Russie, plusieurs sociétés ont été accusées d’avoir forcé des prisonnières et des patientes d’hôpitaux psychiatriques à se faire raser les cheveux afin de les revendre à gros prix. Rebecca Hair Products a même été accusée d’utiliser les prisonnières russes comme main-d’œuvre en les astreignant à la fabrication forcée de rallonges.

Nous comprenons que la vente de cheveux est rentrée dans les habitudes des femmes et constituent pour celles qui en vivent un moyen d’autonomisation. Cependant il faut pouvoir s’assurer que nos extensions ne sont pas issues de ce trafic illicite et de la souffrance d’autres femmes.

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Nelson Mandela Awards, l’Excellence au féminin récompensé

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Le Vendredi 12 Aout 2022 qui marquait la journée internationale de la jeunesse, a représenté aussi celle de la célébration des meilleures candidates reçues au baccalauréat de l’enseignement général scientifique et technique pour cette année. Depuis deux ans en effet, MTN Côte d’Ivoire a instauré les « Awards de l’excellence Nelson Mandela » afin de mettre en lumière les filles qui brisent le plafond de verre et font tomber les préjugés.

Pour cette deuxième édition tenue au Pullman Hôtel du Plateau, ce sont au total 12 jeunes femmes des séries A1, B, C, D, E, F1, F2, F3, F4, F7, G2 et H1, issues de différents établissements scolaires d’Abidjan, Grand Bassam, Bouaké et Yamoussoukro qui ont reçu la précieuse distinction. Parmi les établissements, l’on peut notamment citer les lycées techniques d’Abidjan et de Bouaké, le Lycée d’excellence Alassane Ouattara de Grand-Bassam, le Lycée d’enseignement Libanais d’Abidjan et l’école militaire préparatoire de Bingerville; qui c’est le lieu de rappeler n’a admis les filles en ses effectifs que depuis 2015.

Tchere Sarah Alexandra, de l’Institut d’enseignement secondaire Eden de Yamoussoukro, Monsoh Evelyne Marie Pascale du lycée technique de Cocody, OgouvAkrebie Dora Bervelle du lycée d’excellence Alassane Ouattara, ont respectivement été au premier rang du classement.

Cette édition du Baccalauréat a vu la performance des jeunes femmes au plan national en dépit des obstacles qui peuvent affecter leurs scolarités. En effet, sur 147.758 de candidates, 45.875 ont été admises, soit 31,04%. Quant aux jeunes garçons, 52.589 ont été admis sur un total 172.089 candidats ce qui produit le résultat de 30,56%. Concernant le bac scientifique et technique les jeunes femmes ont atteint un taux de réussite de 31,4%.

Chaque lauréate a bénéficié d’un lot d’une valeur de 1.200.000 de francs CFA composé d’un dépôt Momo d’un smartphone, d’un bon d’achat, d’un trophée et d’un Myfi. Le tout d’une valeur de 1.200.000 de francs CFA. Et les ont reçus de la représentante de l’ambassade de l’Afrique du Sud.

Monsieur Eloge Beonao, Directeur Informatique de l’institution, représentant le Directeur Général de MTN CI, a réitéré l’engagement de sa structure en tant que partenaire privilégié de l’éducation des filles en général mais de celles scientifiques en particulier. En effet, au travers de sa fondation, MTN Côte d’Ivoire Côte d’Ivoire investit dans la formation et la sensibilisation des jeunes filles aux Sciences, technologies, Ingénierie et Mathématiques afin de faire d’elles, des leaders de demain et des leviers de notre développement. A ce jour, plus de 250 filles des classes de 6ème aux classes à la classe de Première ont été initiées au coding, à l’informatique et à la robotique durant l’année scolaire 2021-2022.

Monsieur Eloge Beonao

Aujourd’hui encore dans nos états, l’éducation des filles reste une priorité surtout en zone rurale, péri urbaine et dans les milieux les plus défavorisés. Les préjugés, le contexte socio culturel parfois handicapant freine encore l’évolution des filles dans les sciences. C’est travers d’initiatives de cette sorte que les barrières et obstacles pourront être détruits sinon contournés. Nous remercions la Fondation MTN et tous les partenaires du projet STEM GIRLZ.

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Mandela Day 2022, MTN Côte d’Ivoire soutient les filles dans les sciences et lance la 2e édition des “Awards de l’excellence”

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La Journée internationale Nelson Mandela ou Nelson Mandela Day a été instaurée par l’UNESCO en 2009 et célébrée le 18 juillet de chaque année afin de commémorer la contribution de Nelson Mandela, militant de la cause anti-apartheid et premier président noir d’Afrique du Sud, à « la promotion d’une culture de paix ». En Côte d’Ivoire, c’est aussi un moment qui est célébrée par la maison de téléphonie MTN au travers de sa fondation. Ce Lundi 18 Novembre 2022, à l’hotel Azalai Abidjan, MTN a procédé au lancement de la 2e édition des “Awards de l’excellence Nelson Mandela” destinés à récompenser les 12 meilleures filles au Baccalauréat dans les séries scientifiques et technologiques pour le compte de l’année académique 2021-2022.

Pendant cette cérémonie qui a vu la participation d’officiels tels que les agents de la mission diplomatique de l’Afrique du Sud, le système des nations unies, les représentants de l’Etat ivoirien, un panel sur les enjeux de l’éducation scientifique des filles a pu instruire efficacement les personnes présentes. L’objectif était d’encourager davantage les filles à s’intéresser davantage aux STEM et ainsi favoriser leur autonomisation. Ce panel de haut niveau a été animé par Mesdames BAKAYOKO représentante du Ministre de l’éducation,  Christelle ASSIROU, Présidente de L’ONG Femmes et Tic et Natenin COULIBALY Secrétaire générale de la Fondation MTN.

Madame Natenin COULIBALY Secrétaire générale de la Fondation MTN, Madame BAKAYOKO représentante du Ministre de l’éducation, Madame Christelle Assirou, présidente de femmes et TIC

La question primordiale a été de comprendre pourquoi encore aujourd’hui les filles n’arrivent pas à briser le plafond de verre quand il s’agit du domaine scientifique. Selon Madame Assirou, l’école comme reflet de la société perpétue encore certaines pratiques teintées de stéréotypes sexistes, à cela s’ajoute les couts des manuels scientifiques, le contexte socio culturel encore limitant, la prépondérance des violences basées sur le genre et le taux inquiétant des grossesse en cours de scolarité. Ce sont autant de facteurs qui peuvent expliquer ce fait.

Mais, convaincu de la nécessité de passer outre ces obstacles, l’Etat a mis en place des solutions au travers du Ministère de l’éducation nationale et de sa politique genre. C’est ce qu’a relevé la représentante de la ministre. Maintenant des plages horaires plus importantes seront octroyées aux matières scientifiques consacrant l’accroissement du nombre de filles dans les filières scientifiques en tant qu’axe stratégique. Plus important encore l’état procède à la réintégration des filles enceintes et mères, ce sont plus de 338 filles qui ont bénéficié de cette mesure. Sont aussi prévues des activités d’émulation pour les filles au Lycée scientifique de Yamoussoukro.

Pour la Secrétaire générale de MTN Côte d’Ivoire, le potentiel des femmes dans le numérique est tout simplement une question de développement car 90% selon MCKinsey des emplois nécessitent le numérique. De ce fait, Mtn academy et son partenaires Simplon, insèrent professionnellement les femmes dans ces métiers. Cet évènement était le lieu de passer des messages au gouvernement et aux prescripteurs afin donner la meilleure prescription aux filles et leur permettre de s’identifier positivement. A celles qui osent, nous souhaitons d’impacter considérablement le monde comme celui qu’on célèbre en ce jour.

Nous avons eu le plaisir de rencontrer les Ambassadrices STIM (science, technologie, ingénierie et mathématiques) des différentes universités de Côte d’Ivoire. Elles sensibilisent et aident les autres filles à s’interesser au Bac Scientifique et à ses filières.

Kouadio Affoua Laurence, Ambassadrice STIM
Kouadio Affoua Laurence, Ambassadrice STIM

« L’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde. » 

Nelson Mandela (1918-2013), Ancien président de la république d’Afrique du Sud

Retrouvez le reportage audio sur notre page Facebook:

https://www.facebook.com/Heroinesdici/videos/1438368679972919


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L’aventure à tout prix : le calvaire de la migration irrégulière des femmes ivoiriennes (partie 2)

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Quête d’un mieux-être, influence des réseaux sociaux, violences… autant de raisons qui les poussent à partir

Tout d’abord une migration de travail

On l’aura compris par les témoignages d’Emma et des autres femmes rencontrées que le premier motif du départ est la recherche d’un mieux-être. En effet, l’on ne peut exclure le fait que les conditions de vie parfois très difficiles des femmes les poussent à partir vers ce qui serait considéré comme l’Eldorado. Il s’agit en ce qui concerne les Ivoiriennes d’une migration qui est plus orientée vers le travail. C’est ce qui ressort de l’étude de l’OIM qui retrace le parcours des migrantes de retour, 95% des femmes migrantes de retour interviewées étaient parties pour des raisons économiques avec pour objectif principal de trouver un emploi plus décent. Cette motivation est encore plus forte quand la femme a seule un enfant à charge et une famille. 75% des femmes retournées avaient au moins un enfant à charge avant leur départ. Oumou Sacko, une migrante de retour, a confié qu’elle restait, avec sa sœur, l’espoir de sortir de la misère de son père. La plupart des femmes que nous avons interrogées partaient à l’aventure pour avoir de l’argent et rentrer si possible après avoir obtenu gain de cause.

Fuir les violences… À la recherche de plus de droits…

Ce qui rend d’ailleurs la migration féminine différente de celle des hommes est que pour la majorité d’entre elles, il s’agit  plus d’une stratégie de survie profondément personnelle plutôt que d’un acte de réalisation social, observe l’OIM. En effet, la précarisation à laquelle a dû faire face une bonne frange de la société et la condition féminine perçue comme meilleure ailleurs sont des facteurs déterminants dans la décision de voyager. Les femmes qui partent recherchent l’autonomie, une amélioration de leurs conditions de femme. Le lien entre l’émancipation féminine – plus acceptée dans un contexte occidental – et la migration est net. Cette thèse est corroborée par Dr Lally Kouadio, anthropologue des migrations. Il assure que ces femmes sont mues par “le désir de rechercher plus de droits, où on ne court pas le risque d’être humiliée. L’Occident, c’est le lieu où il existe la liberté d’expression, où il n’existe pas le poids social de la prédominance de l’homme sur la femme”. D’ailleurs, les femmes qui réussissent cette épreuve et qui reviennent sont considérées dans leurs communautés parfois au même titre que les hommes, sinon mieux que les hommes qui sont restés. Un fait, qui comme un cercle vicieux, entraîne d’autres femmes ou filles à tenter l’expérience.

Les violences faites aux femmes sont à considérer dans le schéma migratoire féminin. Dans un pays comme la Côte d’Ivoire, où ces violences sont de plus en plus récurrentes, les femmes qui tentent d’y échapper le font parfois au péril de leurs vies. Elles fuient les mariages forcés, les excisions, les coups… Rien qu’en 2020, l’ONG Citoyennes pour la promotion des enfants femmes et minorités (CPDEFM) a recensé 1 290 cas de mariage de filles de moins de 18 ans et 1 121 viols. En Europe, dit-on, “la femme a des droits”. Cette raison a d’ailleurs été évoquée par l’un des avis que nous avons recueilli lors de notre sondage lorsque nous avons posé la question de savoir ce qui pourrait pousser les femmes à migrer illégalement.

Mais aussi les réseaux sociaux et les pseudo-réussites

Les réseaux sociaux et leur prisme déformant de la réalité jouent aussi un rôle important dans le choix que font tant les femmes que les hommes de partir à l’aventure. Les réussites parfois virtuelles que présentent certaines sont des catalyseurs de ces départs clandestins. Pour Mariam, 26 ans, ménagère et identifiée comme potentielle migrante à Daloa, ”l’influence des migrantes qui ont réussi à se faire une place en Europe incitent beaucoup les jeunes filles à partir”. Et les départs se font plus nombreux après les fêtes religieuses où ces personnes quand elles reviennent au pays peuvent faire face à d’énormes dépenses. Naissent au sein de la communauté des frustrations, des comparaisons qui déclenchent l’envie de partir. 

Ces réseaux sociaux sont les appâts des plus jeunes qui sont constamment connectés.  Mawa Doumbia, la quarantaine, commerçante, a découvert avec effarement que sa fille d’à peine 17 ans en classe de 3e avait emprunté en cachette la route de la Libye avec d’autres jeunes de son âge, dont sa cousine. Sa fille Mariam lui a volé l’argent de la tontine qu’elle gardait. L’objectif reste le même : réussir en Europe, fuir la misère et le quotidien.

”Un matin, elle a pris l’argent de la tontine que j’ai gardé et s’en est allée en faisant croire qu’elle partait chez sa camarade (…) Il paraît qu’elle est en Libye . Mais elle n’a pas encore pu traverser. Ce n’est pas facile. Je lui dis de revenir mais elle refuse, c’est cela le problème. Je demande à Dieu qu’elle ne meurt pas”

Mawa Doumbia, mère de Migrante

Des conditions de voyage plus difficiles quand on est une femme

Les femmes paient un tribut plus lourd que les hommes sur la route migratoire et leur mortalité est plus élevée. En effet, les obstacles et les dangers induits par les migrations sont souvent différents pour les femmes, qui se heurtent à des sources d’insécurité supplémentaires en raison des inégalités auxquelles elles sont soumises en tant que femme dans leur situation économique, sociale et politique.

ABUS ET TRAUMATISMES PSYCHO-SOCIAUX, le double niveau de vulnérabilité des femmes migrantes

Les femmes ivoiriennes ont été surexposées à la violence physique et psychologique que ce soit sur leur lieu de travail, sur la route ou en détention. Les abus vécus ont pu prendre plusieurs formes incluant le travail non rémunéré, les violences sexuelles, le racisme, la prostitution ou la vente d’êtres humains. Aux dires de Sarah, qui a vécu l’expérience de travail au Koweït, son voyage a pris la forme de l’esclavage moderne. Elle n’avait ni droit, ni repos, ni titre de séjour, celui-ci ayant été confisqué dès son arrivée par la famille qui l’avait ”achetée”. ‘‘Le ménage c’est de 06h du matin à 02 h sans arrêt, on manquait même d’être violée parfois’’ nous raconte-t-elle. Ces femmes reviennent traumatisées et en mauvaise forme physique pour la grande majorité. 

Selon un rapport réalisé pour la Division des Nations Unies pour la promotion des femmes, les migrantes sont tout particulièrement exposées aux privations, aux agressions et à la discrimination, discrimination due à la fois à leur situation de migrantes et à leur condition de femmes. Les filles et les jeunes femmes sont particulièrement exposées à toutes sortes de violence et d’abus au cours du voyage. En tant que femmes, elles doivent faire face à la précarité menstruelle, mais aussi aux cas de grossesses durant le voyage. 

Parmi les responsables de ces violences, on compte les proches, les employeurs et, dans certains cas, des personnes jusqu’à lors inconnues de ces femmes. Malheureusement, la spécificité des femmes n’est pas suffisamment mise en lumière. Une étude de l’OIM Côte d’Ivoire sur le trafic illicite de migrants et la traite de personnes montre que près de 30% des femmes ont été victimes de traite dès leur départ de Côte d’Ivoire. De plus, dans plus de 50% des cas, femmes et hommes interviewés ont travaillé à un moment de leur parcours sans être rémunérés, 41% des femmes (contre 17% des hommes) ont déclaré que le salaire perçu au cours de la migration avait été versé à un intermédiaire.

Revenir, mais à quel prix? La difficile réintégration des migrantes ivoiriennes

Endettées, stigmatisées et traumatisées

Pour les femmes qui décident de faire le choix du retour, la décision n’est pas sans conséquences. La motivation de départ est érodée par les conditions de vie difficiles sur le terrain. Si certaines cherchent coûte que coûte à terminer la périlleuse aventure, d’autres par contre décident de revenir pour affronter la dure réalité qui les attend. Cette réalité est celle de la stigmatisation dont elles sont victimes, les attentes des proches qui ont parfois contribué financièrement au voyage et l’endettement. Lorsque l’on compare aux hommes, les migrantes de retour enquêtées ont ainsi contracté plus de crédits. Les chiffres de l’OIM sont alarmants. Les migrantes ivoiriennes de retour (61%) ont contracté un nombre plus important de crédits liés au projet migratoire avant leur départ et les sommes empruntées sont plus conséquentes. Cela se justifie par le mode de transport emprunté par les différents sexes.

30% des femmes migrantes de retour qui ont contracté au moins une dette affirment n’avoir aucun revenu contre 14% des hommes dans la même situation. Bien sûr, il en découle une vulnérabilité plus grande chez les femmes face à la rétribution. Les femmes s’endettent tant auprès de leurs familles que des passeurs. Ces dettes qui sont contractées aussi bien au départ que pendant le voyage, donnent lieu à des violences sur les femmes. 52% des femmes interviewées victimes d’abus, qui ont contracté un crédit lié à la migration, ont dû travailler de façon non rémunérée ou  ont vu leurs papiers confisqués, que ce soit dans un pays de transit ou dans le pays de destination.

Les retournées sont traumatisées tant physiquement que psychologiquement par les abus subis. Un traumatisme exacerbé par un sentiment de honte dans la communauté. Ce fut le cas d’Oumou Sakho, 25 ans, migrante retournée. Elle nous fait part de son expérience en ces termes:  ”J’étais mal perçu par mes amis pour qui j’aurais pu me prostituer pour continuer le voyage. Sur place j’ai rencontré l’ONG AVSI, qui m’a intégrée au projet KAFISSA. Je leur ai fait part de mon désir de faire l’élevage. Après m’avoir formée, ils ont apporté un financement en nature dans la fourniture de tout le nécessaire pour la mise en place de mon business d’élevage de poulets’’.Les femmes migrantes retournées peinent également à retrouver du travail. Cela dégrade encore plus un statut social déjà très précaire et peut pousser certaines à repartir.  

Nous avons reçu deux femmes atteintes de cancer du col de l’utérus à leur retour que nous avons essayé de les aider par tous les moyens avec nos partenaires dans le golf

Hervé N’Dri, président ONG LISAD

Ce qui devait être une expérience de l’amélioration de leurs conditions de vie et de celles de leurs familles s’est transformé en facteur de fragilisation et de précarité. Cela l’est encore plus pour celles qui ont eu des grossesses et/ou des maladies à l’issue de viols dont elles ont fait l’objet au cours du voyage ou avant.

L’appui au retour encore faible pour les femmes ivoiriennes

Le Gouvernement de Côte d’Ivoire et l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), avec l’appui de l’Union européenne, mettent en œuvre depuis 2017 l’Initiative conjointe UE–OIM pour la protection et la réintégration des migrants en Côte d’Ivoire. À travers cette initiative, l’OIM Côte d’Ivoire fournit aux migrants ivoiriens qui reviennent une aide au retour volontaire et une aide à la réintégration.

La majorité des migrants assistés dans leur retour volontaire en Côte d’Ivoire sont des hommes. Cependant, la proportion de femmes (21%) reste nettement plus élevée que dans l’ensemble des pays de la sous-région. A titre d’exemple, la part des femmes sur l’ensemble des retours assistés dans le cadre de l’Initiative conjointe FFUE-OIM est de 4% au Burkina Faso, 5% au Mali et en Guinée ou encore 10% au Niger.

Les chiffres de la réintégration de l’ONG AVSI, une ONG italienne présente en Côte d’ivoire depuis 2008 qui s’occupe de la réinsertion des migrants et migrantes, montrent que les femmes migrantes réintégrées sont inférieures aux hommes. Cela peut s’expliquer par les stéréotypes dont elles sont l’objet. Sur 100 bénéficiaires des programmes de réintégration, 10 sont des femmes. Le projet dénommé ‘’Kafissa’’ à Daloa a permis à Oumou Sacko, migrante retournée, de s’investir dans l’élevage dans sa région. Elle qui a vu repartir son amie. Aujourd’hui, elle est propriétaire d’une ferme avicole et envisage son extension.

Les femmes parlent moins de leur retour dans les communautés, et ne sont souvent pas au fait de l’information. «Dans les représentations sociales et familiales traditionnelles, la migration est avant tout considérée comme un acte essentiellement masculin»(Comoé E 2006, relations de genre et migration en Côte d’Ivoire). D’ailleurs, elles finissent souvent par repartir faute d’alternatives.

Oumou Sackho, Migrante retournée dans sa ferme à Daloa

Lavinia Prati, chargée de projet à OIM, explique comment sont réinsérées les personnes retournées. L’OIM met en place tout un système qui prend en compte le profilage, un accompagnement matérialisé par l’assistance médicale, psychosociale et économique. 

En matière d’activités génératrices de revenus, les bénéficiaires des programmes de réinsertion bénéficient de conseils, d’informations sur les projets les plus viables, afin de rentabiliser l’activité choisie. L’OIM essaie de donner tous les outils aux bénéficiaires pour qu’ils soient autonomes dans le futur.Un suivi se fait en fonction de chaque projet, sur une année ou sur une période plus courte. Depuis mai 2017, il y en a 6000 qui ont déjà terminé leur première phase d’assistance et plus de 3000 qui ont finalisé leur processus de réintégration. Les autres sont en cours. Les métiers dits féminins du type cosmétique, coiffure, commerce sont plus ceux qui sont proposés aux femmes.  

Encore aujourd’hui, on déplore le manque d’assistance et de  réparation psychologique dans la plupart des programmes de réinsertion des migrantes autres que ceux de l’OIM. C’est pourtant un soutien indispensable quant à toutes les épreuves qu’elles ont subies.

ENCADRÉ

La migration, en tant que droit humain, s’est transformée en un véritable périple eu égard à un contexte de mondialisation encore étriqué. Par ailleurs, l’instabilité de nos Etats, la récurrence des crises politico-sociales ont favorisé le départ de notre jeunesse et le sentiment d’un Eldorado européen renforcé avec l’arrivée des réseaux sociaux. Ce phénomène longtemps considéré comme purement masculin à cause des rôles de genre s’est progressivement féminisé notamment en Côte d’Ivoire où, on l’a démontré, les femmes aussi partent “se chercher”.

Malheureusement, cette faible prise en compte du genre dans les enquêtes, les réinsertions et même dans la médiatisation du phénomène rend les migrantes encore plus vulnérables. En outre, le constat est que lors des campagnes axées sur les violences faites aux femmes, notamment les 16 jours d’activisme contre les violences, les situations qu’elles subissent sont très rarement abordées par les OSC locales. Que ce soit dans le pays d’origine, de transit ou de destination, les migrantes ivoiriennes sont perpétuellement en danger. Leur spécificité de femme et de catégorie vulnérable est ignorée. Aujourd’hui, plus que jamais ces femmes ont besoin d’appui. En effet, Le HCR retire la Côte d’Ivoire des pays à risque et recommande que ses ressortissants ne bénéficient plus de l’asile à partir de juin 2022. Ce qui a notre sens va accentuer la vulnérabilité des femmes ivoiriennes. Par conséquent, nous faisons les recommandations suivantes : 

  • Renforcer les canaux d’information sur les dangers de la migration irrégulière et les diffuser de manière plus large afin de toucher les migrants potentiels, les migrants en cours de voyage et les candidats au retour ;
  • Organiser des campagnes d’informations sur les voies alternatives de migration légale ;
  • Renforcer les mécanismes de collecte d’informations auprès des migrants de retour, afin de permettre un meilleur suivi ;
  • Identifier des réseaux de traite actifs et des systèmes d’exploitation existant afin d’assurer une meilleure protection des migrants de retour soumis au travail forcé et aux mises sous contrats afin de rembourser leurs dettes ;
  • Travailler sur l’axe de la migration féminine;
  • Inclure effectivement les violences faites aux migrantes dans la lutte contre les violences faites aux femmes par les organisations qui travaillent sur le sujet
  • Intégrer les migrants de retour dans le processus de réintégration, de sensibilisation;
  • Travailler avec la Police de lutte contre la cybercriminalité pour démonter les réseaux qui officient via les réseaux sociaux;
  • Travailler à la réparation psycho-judiciaire des victimes de la migration
  • Travailler avec les communautés et les familles en vue de déconstruire les préjugés envers les femmes migrantes;
  • Ratifier – par les Etats – la convention internationale sur la protection de tous les travailleurs migrants et des membres de leurs familles du 18 décembre 1990.

Retrouvez la première partie de cet article ici.

Enquête réalisée par : Carelle Goli, Charline Tiahi et Marthe Akissi de RTI info. Une Initiative soutenue par Medialab Pour Elles, un projet CFI-Agence française de développement médias, avec le soutien de Anderson Diedri et Satou Kané.

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