Tu es encore en train de pleurer…. Pour cette enfance qu’on t’a volé.e. Pour cette relation qui vient de voler en éclat et pour laquelle tu t’es désespérément battu.e. Pour cet emploi que tu peines à trouver. Pour cette famille dans laquelle tu n’as jamais trouvé de place. Pour cet enfant qui n’es pas resté, pour, pour, pour….
Tu es encore en train de pleurer…. Parce que tu ne sais pas quoi faire sinon. Parce que tes mots se brisent face aux murs du jugement et des reproches. Parce que ton impuissance te pointe du doigt si durement. Parce que plus que ta chair ses coups ont lacéré ton âme. Parce que tu as tout essayé de toute façon. Parce que les bras de tes amant.es n’ont jamais su que t’apporter un réconfort factice….
Tu es encore en train de pleurer sous la douche. Dans tes draps. Une fois que tu franchis le pas de ta porte. Dès que tu peux enlever le masque hideux du sourire, et la magie couvrante du fond de teint. Quand enfin tu te retrouves face à Toi et qu’aucun échappatoire n’est possible, Et que de toute façon tu ne peux plus rien garder enfoui…
Tu es encore en train de pleurer tout doucement, et tes larmes restent la seule chose qui te rappellent que tu es encore en vie. Plus encore que cette sensation de douleur qui te transperce.
J’aimerais te dire de te relever, d’essuyer tes larmes, que cette personne qui est partie ne te mérite pas. Ce serait plus facile de te dire d’être fort.e et que tu pourras essayer de procréer encore. Ce serait simple de te reprocher de gâcher ton si joli visage en y creusant des sillons qui l’abiment lentement. J’aimerais te dire de rire et que tout finira par s’arranger. J’aimerais te dire combien tu es chanceux de vivre.
Mais je te dirai juste de continuer à pleurer, parce que tu en as le droit. Que retenir tes larmes te fera encore plus de mal. Je sais combien c’est rassurant de se laisser enfin aller, combien doux et merveilleux peut être l’écho de la mélancolie. Je sais. Non, tu n’as pas besoin d’être fort.e. Non, la vie n’est pas toujours un cadeau. Oui, tout ce que tu ressens est réel. Alors, si tu es encore en train de pleurer, prends ton temps et continue jusqu’à satiété.
Et seulement après essaie de te pardonner, pour toutes ces choses que tu te reproches. Je ne te demanderai jamais d’être fort.e, mais seulement d’être indulgent.e avec la seule personne qui sera toujours là pour toi, Toi.
Carelle Laetitia