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Fiche de lecture_Le Couteau Brûlant

couteau brulant

Donner la voix aux victimes des mutilations génitales féminines, briser le silence qui enveloppe la douleur de ces millions de filles et femmes à travers le monde. Quoi de mieux qu’un récit, une histoire, d’un témoignage… pour y parvenir?

Le couteau brûlant, métaphore trouvée -à juste titre- pour désigner l’arme qui pourfend, qui arrache, qui mutile, est l’histoire de Safiatou dépeinte à travers le temps.

A l’occasion d’un exercice scolaire Safiatou, une jeune lycéenne se retrouve obligée d’affronter la partie la plus sombre de son histoire, celle où elle a perdu une partie d’elle au nom de la tradition. Elle qui croyait y échapper après la mort de Nawa son aînée (dans la tradition de l’excision), et de la fuite de l’exciseuse, se retrouve bien obligée d’affronter l’épreuve qui devrait faire d’elle une FEMME. Elle qui n’avait que 8 ans devait choisir entre l’opprobre d’avoir “une lance entre les jambes” ou faire la fierté de toute sa famille. La fierté elle l’a éprouvée pourtant, devant son village. Comment aurait elle pu savoir le mal que c’était? Sa grand-mère l’avait rassurée. Et pourtant des années plus tard sa fierté devenait un fardeau, une honte, une anomalie.

C’est avec émotion que l’auteure nous transporte d’une chambre d’adolescente au bois sacré où se déroule le terrible rituel. Avec elle nous nous posons la même question, ces parents qui font subir cette épreuve à leurs filles sont ils des monstres? Ou simplement des personnes qui sont persuadées que le bonheur de leur progéniture passe par cette étape?

Une chose est certaine, l’excision est néfaste et doit disparaître. Car en plus de leur arracher leurs chairs , elle prend aux femmes leurs vies, et parfois font de la maternité une épreuve insoutenable. C’est quand bien sûr elles sont chanceuses de procréer. Ce fut le cas de Safiatou.

Et pourtant, au travers de sa souffrance, Safiatou a trouvé la force se battre pour elle, mais aussi pour les autres. Ce qu’elle découvre est atroce, les filles se font maintenant exciser au premier âge, parfois dès leur naissance…

Le couteau brûlant est une oeuvre militante, courageuse et de toute beauté. Car si l’excision semble relever d’une autre époque, elle perdure au nom de traditions solidement ancrées. Un cri de coeur, un appel à l’aide pour un monde meilleur.

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LA PROTECTION DE LA FEMME ENCEINTE EN DROIT SOCIAL

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Longtemps considérées comme des « incapables majeures », les femmes ont du mal à se positionner professionnellement, non pas parce qu’elles sont incompétentes du point du vue professionnel, mais simplement parce qu’elles sont des femmes.  Leur état de grossesse ne vient pas pour arranger la situation car certaines personnes voient la grossesse comme une maladie, pis d’autres la voient comme un handicap. De ce fait, l’état de grossesse de la femme enceinte était un frein à son épanouissement professionnel jusqu’à la reconnaissance de ses droits.

A l’ère de la mondialisation, et surtout du numérique où nous découvrons pour certains et acceptons pour d’autres que les femmes ont joué et continuent de jouer un rôle important dans la construction et l’émergence de notre monde, il est impératif pour chaque société de faire face à la réalité et de reconnaître les droits de la femme.

Le législateur ivoirien, ne voulant rester en marge et conscient que l’émergence même depuis son genre grammatical est « une femme » fait ce qu’il faut pour reconnaître les droits de la femme à tous les niveaux.

Pour ce faire, au niveau du droit social, il a décidé de protéger les droits des femmes en général et des femmes enceintes en particulier en consacrant plusieurs articles de la loi n°2015-532 du 20 juillet 2015 portant code du travail à cette protection.

Pour une meilleure compréhension, je procéderai par un questionnaire.

  • L’état de grossesse d’une femme peut-il lui être préjudiciable dans le cadre de la recherche d’emploi ou encore pour celle qui est en période d’essai ? En d’autres termes, le fait qu’une femme enceinte postule pour une embauche peut-il être un motif de refus pour l’employeur ? Qu’en est-il pour celle en période d’essai ?

Aux termes de l’article 23.3 alinéa 1 de la loi sus-énumérée, l’employeur ne doit pas prendre en considération l’état de grossesse d’une femme pour refuser de l’embaucher. Le législateur va plus loin en protégeant aussi la femme en période d’essai. En effet, l’employeur est dans l’impossibilité de résilier le contrat de travail au cours de la période d’essai de la femme en état de grossesse.

  • La femme salariée en état de grossesse est-elle obligatoirement soumise à tous les examens de la visite médicale d’embauche ?

Non, car au sens de l’article 23.3 alinéa 2, lors de la visite médicale d’embauche, la femme enceinte peut présenter un dossier incomplet si certains examens normalement présents se révèlent dangereux pour sa santé ou celle de l’embryon. Dans ce cas, les examens sont reportés après l’accouchement.

  • Est-il possible pour l’employeur de modifier le contrat de travail d’une femme en état de grossesse (mutation ou changement de poste de travail) ?

Non, il est interdit à l’employeur de prononcer une mutation d’emploi ou de poste de travail pour la femme en état de grossesse. Mais, sous réserve de l’article 23.7 il peut le faire.

En effet, au sens de l’article 23.7 alinéa 1, la femme salariée en état de grossesse peut se faire muter à son initiative ou à celle de son employeur si son état de santé médicalement constaté l’exige. Retenez que cette mutation est temporaire.

  • Que se passe-t-il en cas de désaccord entre l’employeur et la femme salariée en état de grossesse, relativement à la mutation ou au changement de poste ?

Il ressort de l’article 23.7 alinéa 2, qu’en cas de désaccord entre l’employeur et la salariée, la mutation ne peut être effectuée qu’après avis du médecin-inspecteur du travail communiqué aux deux parties intéressées.

  • Quelle est la durée de la mutation ou du changement de poste de la salariée en état de grossesse ?

Etant donné que la mutation est temporaire, elle ne peut excéder la durée de la grossesse et prend fin dès que l’état de santé de la femme lui permet de retrouver son emploi ou son poste initial (article 23.7 alinéa 3)

  • La mutation temporaire de la salariée en état de grossesse, entraine-t-elle un incident sur la rémunération de cette dernière ?

Aux termes de l’article 23.7 alinéa 4, cette mutation ne doit entraîner aucune diminution de rémunération même si le nouveau poste est inférieur à celui occupé habituellement.

Le législateur ne s’est pas prononcé sur la rémunération au cas où le nouveau poste serait supérieur à l’ancien.

Le dernier alinéa de l’article 23.7 dispose que : « en cas de désaccord, la rupture qui en découle est réputée être du fait de l’employeur ». Au regard de ce dernier alinéa, nous remarquons que le législateur a pris toutes les mesures afin d’assurer la protection de la femme salariée en état de grossesse.

  • Qu’advient-il si l’employeur ne parvient pas à proposer un autre emploi à la femme salariée en état de grossesse ?

Il ressort de l’article 23.8 que si l’employeur est dans l’impossibilité de proposer un autre emploi à la femme salariée en état de grossesse, il lui fait connaitre, ainsi qu’au médecin-inspecteur du travail et des lois sociales les motifs qui font obstacles à son reclassement provisoire.

Le contrat est alors suspendu jusqu’à la date du congé légal de maternité. La femme bénéficie dans ce cas d’une garantie de rémunération à la charge de l’employeur.

Par Nany Fatem DAGNOKO, Juriste privatiste

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10 livres Afro-féministes à avoir

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ASSIE-LUMUMBA N’dri Thérèse

Les africaines dans la politique: femmes baoulé de Côte d’Ivoire

L’Harmattan – Paris – 1996
ISBN: 9782738440488
(Points de vue)
206 p. – 22 x 14 cm

Les traditions prétextes de Constance YAI

Cette ancienne ministre de la Condition des femmes à Abidjan, et petite fille d’exciseuse donne de la voix pour en finir avec cette main mise des hommes sur la sexualité des femmes, via ces opérations  dangereuses et humiliantes. Les deux veulent en finir avec les traditions prétextes. 

Ne suis-je pas une femme ?

de Bell Hooks (Auteur), Amandine Gay (Préface), Olga Potot (Traduction)

Ne suis-je pas une femme ?”, telle est la question que Sojourner Truth, ancienne esclave, abolitionniste noire des Etats-Unis, posa en 1851 lors d’un discours célèbre, interpellant féministes et abolitionnistes sur les diverses oppressions subies par les femmes noires : oppressions de classe, de race, de sexe. Héritière de ce geste, bell hooks décrit dans ce livre devenu un classique les processus de marginalisation des femmes noires et met en critique les féminismes blancs et leur difficulté à prendre en compte les oppressions croisées.

La parole aux négresses,

Awa THIAM donne la parole aux femmes d’Afrique occidentale pour dire ce qui se pratique dans leur quotidien et comment elles vivent les mutilations génitales et quelques autres violences faites aux femmes. C’est une oeuvre qui rend la parole aux femmes et leur accorde la voix pour dire le Je féminin au quotidien dans la société africaine noire. Elle met surtout l’accent sur la polygamie, le blanchiment de la peau, l’initiation sexuelle, les mariages arrangés. Elle montre l’importance de la famille, des relations entre femmes et entre hommes et femmes, et des contraintes sociales. Elle en vient à montrer que la lutte des femmes africaines n’est pas la même que celle des femmes d’Occident, et qu’il faut se garder d’assimiler trop vite lapremière à la seconde.

Femmes, race et classe de Angela Davis (Auteur), Dominique Taffin (Traduction)” Le système esclavagiste définissait les Noirs comme une marchandise humaine. Puisque les femmes étaient considérées comme des unités de travail productrices de profit au même titre que les hommes, leurs propriétaires ne faisaient aucune différence entre les sexes. Un universitaire affirme ; “La femme esclave était la servante perpétuelle de son propriétaire et, fortuitement, épouse, mère et femme au foyer.” Si l’on se réfère aux tendances de la nouvelle idéologie de la féminité au XIXe siècle, la glorification des mères nourricières, douces compagnes et maîtresses de maison, transformait les femmes noires en anomalies. “

Afrofem

“Les femmes noires en France doivent être sauvées de leur famille, de leur communauté (pères, frères, cousins). Ce sauvetage est proposé gracieusement par l’Etat au travers de l’école républicaine, appuyée par des alliées de choix (médias, monde de la culture, associations, intellectuel-les). Mwasi est un collectif de femmes qui ne veulent pas être “sauvées” par qui que ce soit. Femmes noires et afro-descendantes, nous désignons l’Etat français, le “féminisme” blanc dominant et le racisme d’Etat comme des ennemis politiques. Notre seule préoccupation est d’être à la hauteur des idées, des pratiques et de l’héritage qui sont les nôtres : les combats contre la négrophobie, l’impérialisme, l’hétéro-patriarcat et le capitalisme. Nous avons choisi l’afroféminisme pour traduire politiquement nos révoltes que nous voulons transformer en révolution pour un changement radical de système, un système débarrassé du racisme, de la domination masculine et du capitalisme. Nous faisons le choix de l’organisation politique autonome et de la libération comme horizon. Ce livre est notre contribution afroféministe à la libération noire et panafricaine.”

Je sais pourquoi chante l’oiseau en cage de Maya Angelou

Dans ce récit, considéré aujourd’hui comme un classique de la littérature américaine, Maya Angelou relate son parcours hors du commun, ses débuts d’écrivain et de militante dans l’Amérique des années 1960 marquée par le racisme anti-Noir, ses combats, ses amours. Son témoignage, dénué de la moindre complaisance, révèle une personnalité exemplaire. A la lire, on mesure – mieux encore – le chemin parcouru par la société américaine en moins d’un demi-siècle..

Maya Angelou tant que je serai noire

Figure emblématique de l’histoire des Etats-Unis, Maya Angelou s’est engagée corps et âme dans le XXe siècle américain. Tant que je serai noire débute en 1957 lorsque, décidée à devenir écrivain, elle part avec son fils, Guy, pour rejoindre Harlem, épicentre de l’activité intellectuelle des Noirs américains. Elle participe aux bouleversements de l’époque et rencontre des artistes comme Billie Holiday et James Baldwin, et les leaders du mouvement des droits civiques, Malcolm X et Martin Luther King. Enfin, conquise par Vusumzi Make, qui se bat pour la liberté des Noirs d’Afrique du Sud, elle part vivre en Afrique, théâtre des luttes anticolonialistes, où elle devient journaliste. Ce récit autobiographique dessine le portrait d’une femme exceptionnelle qui a intégré, jusqu’au coeur de sa vie intime, une véritable révolution mondiale, culturelle et politique.

L’autre moitié du soleil de Chimamanda Ngozi Adichie (Auteur), Mona de Pracontal (Traduction)

Noire n’est pas mon métier Nadege Beausson-Diagne – Mata Gabin – Maïmouna Gueye – Eye Haïdara – Rachel Khan – Aïssa Maïga – Sara Martins – Marie-Philomène NGA – Sabine Pakora – Firmine Richard – Sonia Rolland – Magaajyia Silberfeld – Shirley Souagnon – Assa Sylla – Karidja Touré – France Zobda

Stéréotypes, racisme et diversité : 16 actrices témoignent

Chritiane Taubira : l’esclavage raconté à ma fille

Traite et exploitation des êtres humains, colonisation, luttes pour la liberté, réflexion sur la notion de crime contre l’humanité, formes contemporaines de l’esclavage : une mère engagée répond aux nombreuses questions de sa fille. De ce dialogue s’est construit, au fil des étonnements, indignations et admirations, un livre aussi passionnant que nécessaire.
Ancienne garde des Sceaux, ministre de la Justice, Christiane Taubira est l’auteure de plusieurs livres, dont Mes météores et Murmures à la jeunesse.
” Christine Taubira développe magistralement, avec passion, une histoire trop méconnue. ” – L’Humanité

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Harcèlement au travail, Que faire?

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Face au harcèlement on est trop souvent déboussolé. Doutes, stigmatisations, moqueries et peur de perdre son boulot sont autant de sentiments qui minent la victime et l’enfoncent dans le silence. Ces petits conseils peuvent aider en situation.

QUE FAIRE ?
Faites savoir au harceleur que son comportement est inacceptable, qu’il vous met mal à l’aise. Réagissez le plus vite possible.
• En cas d’agressions ou si votre état de santé se détériore, consultez un médecin. Faites-vous délivrer un certificat médical.
• Consultez le médecin du travail de l’entreprise.
• Avertissez, prenez conseils et demandez l’appui de votre syndicat, du délégué du personnel, d’une association spécialisée dans les violences faites aux femmes, d’un.e avocat.e.
1. Vous pouvez saisir l’Inspection du Travail qui est habilitée à mener, à votre demande, et en toute confidentialité une enquête dans l’entreprise. Elle est en mesure et a le droit d’intervenir auprès de la direction, de dresser un procès-verbal et/ou de faire un signalement au Procureur de la République. Les éléments recueillis par l’Inspection du Travail seront déterminants.
Après avoir effectué ces démarches, vous pouvez, éventuellement, saisir votre employeur pour l’informer des faits dont vous êtes victime et lui rappeler sa responsabilité.
2. Vous pouvez engager une procédure pénale
• contre le harceleur
• contre l’employeur, s’il vous sanctionne ou ne réagit pas après avoir été informé.
3. Pour porter plainte, adressez-vous :
• au commissariat le plus proche de votre domicile
• ou au Procureur de la République, par écrit (Tribunal de première Instance) vous pouvez, si vous souhaitez vous voir accorder des dommages et intérêts en réparation du préjudice subi, vous devez vous constituez partie civile, votre avocat pourra alors être informé de l’ensemble des éléments du dossier et du déroulement de la procédure.
• en cas de ressources insuffisantes, vous pouvez demander l’aide juridictionnelle totale ou partielle auprès du Tribunal de première Instance.
Si vous avez porté plainte, une démission ne vous prive pas des droits éventuels.

 Cette plainte met en route une action judiciaire et peut aboutir à la condamnation pénale du harceleur.
Vous pouvez engager une procédure administrative contre l’entreprise ou l’administration.
En cas de sanction, refus de promotion, licenciement abusif, démission, vous pouvez obtenir :
• la levée de la sanction,
• la nullité du licenciement, c’est-à-dire la réintégration dans votre poste ou des dommages
et intérêts,
• une requalification de la démission en « rupture de contrat de travail du fait de l’employeur. »

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Fiche de lecture_CHÈRE IJEAWELE ou un manifeste pour une éducation féministe

Fiche de lecture

Chimamanda Ngozi Adichie, née le 15 Septembre 1977, est une écrivaine nigérianne. Elle est originaire d’Abba dans l’État d’Anambra, au sud-est du Nigéria. Elle vit entre Lagos  et Washington. Source: https://fr.wikipedia.org/wiki/Chimamanda_Ngozi_Adichie . Elle est l’auteure de L’autre moitié du soleil, Autour de ton cou, Americanah, Nous sommes tous des feministes, L’hibiscus pourpre et CHÈRE IJEAWELE ou un manifeste pour une éducation féministe que nous nous ferons le plaisir d’analyser. De manière transversale et synthétique.

Une éducation féministe (?), une éducation tout court

Lorsqu’on lit le titre de l’ouvrage la première question qui vient est celle-ci: Y aurait-il une éducation féministe? C’est bien à cette question que l’auteure répond par une lettre à son amie -nouvelle maman d’une fillette- qui l’a sollicitée. Il existe bien une éducation féministe comme il en existerait une autre politique, sexiste, sportive, musicale etc…

De prime abord, ce manifeste nous a rappelé une autre longue lettre écrite par une autre grande figure féminine – à l’égard d’une autre femme-… celle de Mariama Bâ (vous vous en êtes doutés). Dans cet ouvrage, la Nigérianne livre 15 suggestions à Ijeawélé, mère de Chizalum Adaora. Arrêtons nous sur le mot ” suggestion”. La suggestion c’est le fait d’inspirer à quelqu’un une idée; une pensée. Suggérer s’oppose ainsi à imposer et s’apparente à conseiller. Nous en déduisons que le féminisme peut être s’apprend, se conseille , se suggère sans s’imposer.

Pour Chizalum…Sa mère devra bannir les rôles de genre pour lui apprendre à être une personne tout simplement. Elle devra lui apprendre à aimer les livres et à comprendre les mots pour ne pas en avoir peur. L’épineuse question du mariage comme accomplissement féminin Chimamanda l’aborde. C’est en effet, l’un des plus grands talons d’Achille des femmes. Car dit-elle ” Nous conditionnons les filles afin qu’elles aspirent au mariage mais pas les garçons, ce qui entraîne dès le départ un grave déséquilibre”. Plaire ne doit pas être son plus grand soucis, son objectif sera d’être sincère dans ses opinions et vraie dans ses prises de positions. Pour cela, elle devra bien sûr avoir une identité, celle d’être une femme africaine, igbo, noire et fière, ce qui l’aidera à combattre “les dynamiques de pouvoir” qui ont fait paraître les noirs comme des gens misérables. L’auteure aborde aussi l’apparence physique, la féminité et la morale, elle démontre comment la culture a utilisé la biologie pour construire des normes sociales et accorder des privilèges aux uns et en retirer aux autres. L’éducation d’un enfant doit intégrer une éducation sexuelle décomplexée-où la honte n’aura aucune place- mais qui reste appropriée pour un enfant. Ijeawélé devra préparer son enfant à l’amour comme un état où l’on donne mais aussi reçoit . Les systèmes d’oppression existent et il faut pouvoir les lui expliquer. Enfin, une éducation harmonieuse est celle qui tient compte de la différence de l’autre. Et bien malheureusement le manque de tolérance est la résultante de ce que l’on apprend pas aux jeunes enfants à ”survivre dans un monde de diversité”

Déconstruire, déconstruire, déconstruire…

Cet ouvrage pose les jalons du féminisme mais pas que… c’est un concentré de déconstruction de normes sociales que l’on intègre bien trop jeunes et qu’au grand dam de nos enfants nous perpétuons allègrement. La classifications des jeux, le rôle d’épouse et de mère, la cage dorée du mariage, le fait de se poser en tant qu’être humain tout simplement. Le féminisme light est aussi décrit le plus grand piège de ce combat. Il remet encore en cause le postulat de l’égalité comme condition sine qua non à une société équilibrée. Le féminisme light culpabilise la femme encore et toujours quand elle a du pouvoir et c’est aussi ce sur quoi se base les anti-féministes.

En réalité ce manifeste nous donne des conseils à tous et à toutes. Et comme le dit l’auteure, il répond à l’urgence morale qu’il ya à nous atteler à imaginer ensemble une éducation pour nos enfants, pour tenter de créer un monde plus juste à légard des hommes et des femmes.

Etre féministe c’est comme être enceinte. Tu l’es ou tu ne l’es pas . Tu crois à l’égalité pleine et entière des femmes ou tu n’y crois pas.

Chimamanda Ngozi Adichie

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