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NELLIE BLY, LA PREMIÈRE JOURNALISTE D’INVESTIGATION

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Elizabeth Jane Cochrane, connue sous le nom de Nellie Bly (1864- 1922) est une pionnière du journalisme d’investigation. Elle est également la première femme à avoir accompli un tour du monde sans être accompagnée d’un homme (à la différence de Jeanne Barret un siècle plus tôt).

Son père Michael Cochran meurt lorsque Elizabeth n’a que six ans, et sa branche de la famille est expulsée. Pour retrouver une situation, Mary se remarie trois ans plus tard mais son nouvel époux est alcoolique et violent et doit divorcer. Devant les difficultés financières que connaît sa famille, Elizabeth sait qu’elle doit travailler.

Sa situation la destine à devenir gouvernante ou demoiselle de compagnie, mais elle rêve d’autre chose. Littéraire, elle écrit déjà des poèmes et des histoires à l’âge de 16 ans. Elle entre à l’Illinois Normal School pour devenir institutrice mais, faute d’argent pour payer sa formation,  doit abandonner au bout d’un semestre.

En 1880, la famille s’installe à Pittsburgh et Elizabeth y aide sa mère à gérer un pensionnat. En janvier 1885, elle lit dans le journal Pittsburgh Dispatch un article intitulé « Ce à quoi sont bonnes les jeunes filles », admonestant les jeunes filles qui poursuivent des études, appelant les femmes qui travaillent des « monstruosités » et les enjoignant à ne pas quitter le cercle du foyer et des tâches ménagères. Furieuse, Elizabeth écrit au rédacteur en chef George Madden une lettre bien sentie qu’elle signe « Lonely orphan girl » (L’orpheline solitaire). Elle y écrit notamment : « Gather up the real smart girls, pull them out of the mire, give them a shove up the ladder of life, and be amply repaid. » (Rassemblez les filles intelligentes, sortez-les de la bourbe, aidez-les à grimper l’échelle de la vie et soyez-en amplement récompensés). La lettre est si bien tournée que non seulement George Madden la publie, mais il offre un poste à Elizabeth. De crainte que sa plume acérée et sa condition de femme travaille fasse tort à sa famille, il incite la jeune journaliste à écrire sous pseudonyme : ce sera Nellie Bly, d’après une chanson de Stephen Foster.

Les premières enquêtes dans le monde ouvrier

Nellie Bly par Bettmann/CORBIS
Nellie Bly © Bettmann/CORBIS

Nellie effectue ses premières investigations dans des usines et fabriques, où elle enquête sur le monde ouvrier en se faisant engager pour vivre elle-même ce qu’elle dénonce. Son premier reportage rapportant la dureté et la dangerosité des conditions de travail des ouvrières dans une fabrique de conserves, photos à l’appui, fait un tabac. Mais ses enquêtes à charge alarment les industriels qui font pression sur le Pittsburgh Dispatch et, malgré les ventes supplémentaires qu’elle apporte au journal, elle se voit rapidement cantonnée aux rubriques art, théâtre et jardinage.

Insatisfaite, Nellie part alors en voyage avec sa mère pour six mois au Mexique. Elle en tire des articles de plus en plus critique sur le gouvernement mexicain. Après avoir dénoncé l’arrestation d’un journaliste, elle se voit contrainte de quitter le payer sous peine d’être elle-même arrêtée. Le Pittsburgh Dispatch continue à la cantonner à la mode et au jardinage quand elle veut traiter des sujets sociaux et, en 1887, Nellie Bly quitte Pittsburgh pour se rendre à New York. Là, elle assiège pendant plusieurs heures le New York World de Joseph Pulitzer, qui finit par accepter de la recevoir et lui promet un poste si elle lui livre un reportage sur un asile.

Nellie s’entraîne toute la nuit. Le lendemain matin, les médecins la déclarent folle et la font internet au Blackwells Island Hospital à Roosevelt Island. Elle y reste dix jours, et en tire un reportage à charge contre l’asile, dénonçant des conditions de vie et d’hygiène désastreuses et des méthodes et traitements cruels. Son récit, Ten Days in a Mad-House, connaît un retentissement fracassant et entraîne un changement des pratiques. Elle y écrit notamment :

« What, excepting torture, would produce insanity quicker than this treatment? Here is a class of women sent to be cured. I would like the expert physicians (…) to take a perfectly sane and healthy woman, shut her up and make her sit from 6 a.m. until 8 p.m. on straight-back benches, do not allow her to talk or move during these hours, give her no reading and let her know nothing of the world or its doings, give her bad food and harsh treatment, and see how long it will take to make her insane. Two months would make her a mental and physical wreck. « 
(A part la torture, qu’est-ce qui pourrait produire la folie plus rapidement que ce traitement ? Voilà des femmes envoyées pour être soignées. Je voudrais que les médecins experts (…) prennent une femme saine de corps et d’esprit, la fassent taire et asseoir de 6 heures du matin à 8 heures du soir sur un banc, qu’ils ne l’autorisent pas à parler ou à bouger pendant tout ce temps, qu’ils ne lui donnent aucune lecture et aucune nouvelle du monde, qu’ils lui donnent de la mauvaise nourriture et de mauvais traitements, et qu’ils voient en combien de temps elle devient folle. Deux mois feraient d’elle une épave physique et morale.)

Le Tour du monde en 80 jours

Nellie Bly

 Par la suite, Nellie utilisera à plusieurs reprises cette technique d’infiltration pour mener ses enquêtes. En 1887, elle infiltre l’entourage d’un trafiquant qui sera traduit en justice après son reportage. En 1888, seize ans après la parution du Tour du monde en 80 jours de Jules Vernes, elle émet l’idée d’effectuer elle-même un tour du monde sur les traces de Phileas Fogg. Dans un premier temps, le New York World estime qu’elle n’en sera pas capable et refuse, et ce n’est qu’un an plus tard qu’elle se met en route.

Le 14 novembre 1889, Nellie part du New Jersey sur l’Augusta Victoria, qui la mène en Angleterre. En France, elle rencontre Jules Verne à qui elle fait bonne impression. Elle poursuit ensuite son voyage en train, en montgolfière, en bateau, passant par l’Italie, l’Egypte, la Chine, Singapour, Hong Kong, le Japon…

A chaque étape, Nellie envoie des récits de son aventure qui font sensation. Elle boucle son tour en revenant à Jersey City le 25 janvier 1890, en 72 jours, devenant la première femme à réaliser un tour du monde sans être accompagnée d’un homme.

A l’annonce de son succès, Jules Vernes fera publier dans l’Écho de la Somme :

«  Amiens, 25 janvier
Jamais douté du succès de Nellie Bly, son intrépidité le laissait prévoir.
Hourra ! Pour elle et pour le directeur du World !
Hourra ! Hourra !  »

Les affaires

Nellie Bly par Bettmann/CORBIS
Nellie Bly © Bettmann/CORBIS

Au New York World, Nellie poursuit ses investigations et publie des articles engagés sur des questions de société, s’attaquant à la corruption de la classe politique et s’attachant toujours autant aux conditions de vie des ouvriers et des femmes. Elle rencontrera et interviewera notamment les militantes Emma Goldman et Susan B. Anthony. A cette période, cependant, son frère décède et Nellie décide de se charger de sa veuve et de ses orphelins ; elle se retrouve alors en situation financière délicate. En 1895, elle surprend tout le monde en épousant le vieux millionnaire Robert Seaman, de 42 ans son aîné.

Peu à peu, Nellie s’éloigne du journalisme et s’implique de plus en plus dans la gestion de la fabrique de bidons métalliques de lait de son époux. Elle crée même un nouveau type de bidons. A la mort de Robert en 1904, elle prend les rênes de l’affaire et offre des conditions de vie uniques à l’époque à ses ouvriers : meilleurs salaires, assurance santé, création de centres de loisirs et de bibliothèques pour les ouvriers… Mais sa gestion des affaires ne permet pas de les maintenir à flot, et elle doit vendre les usines en 1914.

« La meilleure journaliste d’Amérique »

Pendant la Première guerre mondiale, Nellie s’installe au Royaume-Uni et y devient correspondante de guerre pour le New York Evening Journal. Elle y assiste également au combat des suffragettes, qu’elle suit de près et dont elle prédit qu’elle seront rapidement suivies aux Etats-Unis. Après l’armistice, Nellie rentre à New York et y poursuit son travail de journalisme d’investigation sur ses thèmes de prédilection : monde ouvrier, monde politique, condition féminine. Elle s’investit également en faveur du droit de vote des femmes.

Nellie Bly meurt le 27 janvier 1922 d’une pneunomie. Le lendemain, la presse annonce la mort de « la meilleure journaliste d’Amérique ».

Liens utiles

Page Wikipédia de Nellie Bly
Nellie Bly Online (anglais)
Nellie Bly, journaliste
Little Orphan Nellie (anglais)
Young and brave, girls changing history : Nellie Bly (anglais)

source:
https://histoireparlesfemmes.com/2016/11/28/nellie-bly-la-premiere-journaliste-dinvestigation/

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France 21 avril 1944 : le droit de vote accordé aux femmes

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Après la Première Guerre Mondiale, après avoir durement travaillé pour remplacer les hommes partis au front, les femmes réclament le droit de vote. En 1919, un projet est déposé pour accorder le droit de vote aux femmes. Mais les sénateurs le rejettent, malgré l’accord de la Chambre des députés. Un rejet qui n’est pas unique, loin de là. Il se renouvellera en 1925, 1932 et 1935 !

L’article 17 de l’ordonnance du 21 avril 1944 – portant organisation des pouvoirs publics en France après la libération – donne aux femmes le droit de vote et d’éligibilité dans les mêmes conditions que les hommes. Il est le résultat d’un combat de plusieurs siècles et d’un processus législatif de courte durée. Les femmes devenaient enfin électrices et éligibles, comme les hommes. Un an plus tard, le 29 avril 1945, elles votaient pour la première fois.

Un homme: Fernand Grenier, à l’origine du droit de vote des femmes

La question du vote des femmes fut posée au mois de mars 1944 par le député Fernand Grenier. Se référant aux déclarations du général de Gaulle pendant la guerre, Fernand Grenier souhaitait que l’Assemblée Consultative reconnaisse le droit de vote et d’éligibilité des femmes « afin que nous lui manifestions notre solidarité et notre volonté de ne plus la traiter en mineure, en inférieure ». Cependant, malgré la volonté affichée par le Général de Gaulle dès 1942, un grand nombre de réticences virent le jour lors des débats sur le vote de l’amendement défendu par le député Grenier du 24 mars 1944 à l’Assemblée consultative provisoire. Les interventions de Monsieur Paul Giacobbi « Pensez-vous qu’il soit très sage dans une période aussi troublée que celle que nous allons traverser que de nous lancer ex abrupto dans cette aventure que constitue le suffrage des femmes ? » ou encore de Monsieur Bissagnet : « L’amendement Grenier amènera un déséquilibre très net, car il y aura deux fois plus de femmes que d’hommes qui prendront part au vote. Aurons-nous donc une image vraie de l’idée du pays ? En raison de ce déséquilibre, je préfère que le suffrage des femmes soit ajourné jusqu’à ce que tous les hommes soient rentrés dans leurs foyers, et c’est pourquoi je voterai contre l’amendement » étaient représentatives des positions de certains des membres de cette Assemblée Consultative provisoire.On entendit beaucoup d’arguments spécieux de procédure pour faire obstacle aux droits de vote et d’éligibilité des femmes. Heureusement, le courage et la détermination d’autres délégués permirent de contrebalancer ces résistances.


C’était un paradoxe extraordinaire de penser qu’elles étaient bonnes pour faire des ministres, et pas pour être des citoyennes à part entière.

Yvonne Dornès,

L’amendement sur le droit de vote et d’éligibilité fut fermement défendu par le député Grenier et grâce à sa ténacité, l’article 16 de l’amendement fut adopté le 24 mars 1944 à la majorité de 51 voix contre 16 sur 67 votants et devient l’article 17 de l’ordonnance du 21 avril 1944 signée par De Gaulle.


“J’ai pensé que, enfin, nous avions le droit de donner notre avis. Enfin, nous étions des êtres humains à part entière.” 

Gilberte Brossolette 

Dates d’obtention du droit de vote et d’éligibilité

1906 Finlande
1918 Allemagne, Pologne
1920 Etats-Unis, République tchèque
1928 Royaume-Uni
1931 Espagne
1934 Cuba, Turquie
1944 France
1949 Chine
1976 Portugal
2011 Arabie Saoudite

source: https://www.franceculture.fr/societe/21-avril-1944-le-droit-de-vote-accorde-aux-femmes

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ArticlesDroitPolitiqueSociete

Les Magistrats Ivoiriens s’approprient le nouveau Code de Procédure Pénale.

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C’est la loi N° 2018 -975 du 27 Décembre 2018 qui institue un nouveau Code de Procédure Pénale en Côte d’Ivoire, en remplacement de celui du 14 Novembre 1960 maintes fois modifié pour répondre au contexte juridique et social toujours fluctuant. Cette fois ci, le Nouveau texte intervient dans le cadre de la profonde juridictionnelle qu’a voulu l’Etat en vue de le conformer aux engagements internationaux qu’il a pris. Il a été Publié le 13 MARS 2019, et en tant que loi de Procédure, son application est immédiate.

L’OIDH ou l’Observatoire Ivoirien des Droits de l’Homme qui dans sa mission d’aider l’Etat de Côte d’Ivoire à améliorer la justice pénale par la lutte contre la détention préventive abusive et injustifiée, afin que soit respectés les droits fondamentaux des détenus, a contribué du 26 au 29 juillet 2016 aux travaux préparatoires de ce nouveau Code de Procédure Pénale. C’est ainsi qu’il contribue activement à sa diffusion d’abord aux acteurs de la société civile à qui a été présenté ce texte le 13 Mars 2019, ensuite aux Magistrats qui devront pouvoir acquérir en plus de l’information sur les innovations les outils de leur mise en oeuvre. Un séminaire est donc organisé les 28 et 29 mars 2019 à l’Hôtel Etoile du Sud de Grand-Bassam à l’attention de 40 magistrats choisis parmi les membres des Parquets et les Juges d’instruction. En présence du Représentant du Garde des sceaux Ministre de la Justice, du Directeur de l’Etude de la Législation et de la Documentation, du Procureur Général d’Abidjan, de la Direction des Affaires Civiles et Pénales et du Conseil National des Droits de l’Homme.

Un Outil de Défense et de Promotion des Droits Humains

Dans deux mois, l’Etat de Côte d’Ivoire sera en Examen Périodique Universel  ou EPU. L’ EPU est un processus unique en son genre. Il consiste à passer en revue les réalisations de l’ensemble des Etats membres de l’ONU dans le domaine des droits de l’homme. Il s’agit d’un processus mené par les Etats, sous les auspices du Conseil des droits de l’homme. Il fournit à chaque Etat l’opportunité de présenter les mesures qu’il a pris pour améliorer la situation des droits de l’homme sur son territoire et remplir ses obligations en la matière.  Ce nouveau Code ainsi que d’autres textes adoptés permet à notre pays de se positionner en bonne place devant d’autres pays africains tels que le Sénégal, le Bénin, le Burkina Faso, La République Centrafricaine, le Burundi en matière de procédures pénales. Ce code s’inscrit dans la ligne droite de l’Objectif 16 des Objectifs du Développement Durable. C’est à tous égards que ce Code est innovant et que dans l’oeuvre quotidienne de Judicature les magistrats ivoiriens doivent se l’approprier.

Le but de la Réforme

La réforme du Code de Procédure pénale a pour principaux buts: le respect des droits des témoins et des victimes; le droit à l’information des parties à la procédure pénale; le droit à un jugement dans un délai raisonnable; la recherche d’alternatives à la détention; la lutte contre les détentions arbitraires; la protection de l’enfant dans la procédure pénale; la préservation de la paix et de la sécurité sociales.

Principales innovations du Code de Procédure Pénale

Le nouveau Code de Procédure a subi une profonde réforme tant concernant le Fond que la Forme. Il prévoit de nouvelles notions, de nouvelles procédures et juridictions.

Sur la Forme: De nouveaux titres ont été donnés, de nouveaux chapitres ont été ajoutés, il existe maintenant de nouvelles terminologies telles que Chambre d’intruction au lieu de chambre d’accusation, Casier Judicaire national, tribunal criminel, contrôle judiciaire, Maison pénale…., de nouvelles organisations: par exemple la prise de note d’audience par enregistrement , l’institution d’un section du parquet chargée au traitement de l’ensemble des procédures intéressant les mineurs. Au total nous sommes passés de 811 articles à 854 et de 5 livres à 6.

Sur le fond: l’on observe entre autres le renforcement des droits de la défense (art 99), (art 101), (art 133). Les mesures restrictives de liberté sont mieux définies par l’institution du contrôle judiciaire et la reforme du dispositif sur la définition préventif. Les délais de Procédures sont spécifiés (Arts 209, 175, 509 ). Une simplification des procédures de convocation devant le tribunal correctionnel et de simple police, la clarification de la procédure de flagrant délit (art 406), le réforme de la procédure de jugement des crimes ( art 362),   l’amélioration des mesures de protection du mineur victime et mis en cause (art 783); la révision  de la procédure pour les crimes et délits commis par les magistrats pendant l’exercice de leurs fonctions et en dehors (arts 684 à 692) etc…

Selon Monsieur Aimé Eric Semien, Président de l’OIDH, la justice pénale met en scelle les Droits de l’Homme, une justice forte est le gage d’un Etat de Droit car la justice est la vitrine de la démocratie. C’est pour cela qu’il faudrait pouvoir arriver à sortir de la prévision textuelle pour parvenir à la pratique sur le terrain. De ce fait, une autre formation sera organisée à l’attention des avocats, de la police et de la gendarmerie toujours par l’OIDH.

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DroitPolitiqueSociete

Tout savoir sur le Concubinage

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Le concubinage est l’état de deux personnes qui vivent ensemble sans être
légalement mariées. Très fréquent, il mérite d’être connu juridiquement puisque de cette relation naissent parfois des enfants ou sont acquis des biens.

  • Les concubins sont-ils soumis à des obligations au même titre que les époux ?
    Au cours du concubinage, les concubins ne sont tenus d’aucun devoir l’un envers l’autre : ni devoir de fidélité, ni devoir de secours ou d’assistance. Bref, les concubins vivent comme des « colocataires » à la différence des personnes mariées. En effet, ce sont les époux qui contribuent ensemble aux charges du ménage et le devoir de secours leur est imposé.
  • Quel est le statut juridique des enfants nés d’un concubinage ?
    Les enfants nés de la relation entre concubins sont des enfants naturels.
    De même, si l’un des concubins fait un enfant en dehors de sa relation de concubinage, cet enfant est également un enfant naturel.
    Un enfant né d’une relation de concubinage serait qualifié d’enfant adultérin si et seulement si l’un des concubins est en réalité marié à une autre personne.
  • La rupture du concubinage est-elle soumise à une formalité particulière ?
    NON, les concubins peuvent mettre fin à leur union par le seul fait de leur volonté.
    En effet, tout autant que la formation du concubinage n’est subordonnée à l’accomplissement d’aucune formalité, ni à l’observation d’aucune règle, sa rupture n’est soumise à aucune formalité.
    Lorsque les concubins ne veulent plus de leur union (union libre), ils peuvent décider de se séparer, même à l’initiative de l’un d’entre eux sans formalité ni même justification.
    Mais exceptionnellement, celui des concubins qui a pris l’initiative de la rupture peut être condamné à des dommages-intérêts si la rupture a été fautive (par exemple si le concubin a rompu brutalement en délaissant sa concubine dans un état de grossesse.)
  • Comment se fait la répartition des biens entre concubins après la rupture ?
    En principe, après la séparation, chaque concubin repart avec ses biens propres.
    Pour les biens acquis communément (par la participation des deux concubins, par exemple si un concubin a participé à l’activité professionnelle de l’autre sans avoir perçu de rémunération), alors, la technique de la société créée de fait sera appliquée. En effet, afin d’obtenir la rétribution qui lui est due en contrepartie du travail fourni, le concubin ou la concubine lésé(e) peut se prévaloir de la technique de la société créée de fait. Cette technique présente, l’avantage d’attribuer à chaque associé sa part de profit à concurrence de son apport en numéraire, en nature ou en industrie que le concubin ou la concubine a pu effectuer. L’existence d’une société créée de fait suppose toutefois d’établir la réunion de trois éléments que sont : la constitution d’un apport de chaque associé, l’existence aux bénéfices et aux pertes, l’affectio societatis (la volonté de s’associer).
  • Quels sont les droits successoraux des concubins ?
    Le concubinage n’ayant pas la même valeur que le mariage légal, un (e) concubin (e) ne peut valablement succéder à son concubin ou à sa concubine puisqu’il n’est pas pris en compte par le droit des successions.
    La seule option pour y échapper est la rédaction d’un testament ou en effectuant des libéralités en faveur du concubin ou de la concubine.
    Les libéralités faites doivent respecter les règles juridiques.

Par Nany Fatem Dagnoko, Juriste

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Ndaté Yalla (Ndieumbeutt) Mbodj: LE CAUCHEMAR DES COLONS

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En 1855, les Français arrivent sur la côte sénégalaise dans l’espoir de la coloniser, ils se heurtent à la résistance d’une femme. Postée sur son trône, le visage altier et le corps opulent, elle fume sa longue pipe. Autour d’elle, plus de 500 femmes richement vêtues et une gigantesque armée lui obéissent au doigt et à l’œil. Elle connaît bien ces envahisseurs – sa famille, les Tédiek, s’est enrichie grâce à leur long règne et aux nombreux échanges avec les comptoirs français – et elle est prête à prendre les armes pour défendre ce qui est à elle.

Ndaté Yalla Mbodj est la dernière grande Linguère du Waalo, royaume du Nord-Ouest du Sénégal.
En langue sérère et wolof, linguère signifie reine ou princesse, c’est le titre attribué à la mère ou à la sœur du souverain. Et il n’était pas rare que l’une d’elles accède au trône. Les Linguères étaient donc préparées à diriger leur peuple, politiquement et militairement. Elles étaient formées pour gérer le royaume d’une main de fer ainsi que pour trancher les affaires internes et les problèmes du quotidien. Elles étaient surtout éduquées au métier de la guerre et au maniement des armes. Le courage est un trait dont elles héritèrent de génération en génération. Et Ndaté Yalla a en elle le tempérament fier de sa mère, la Linguère Fatim Yamar. Elle se souvient encore de sa mort.

À la mort de sa sœur, Ndaté Yalla accède au trône. Elle fait tomber tous ses ennemis et se plaît à défier les Français, à qui elle rappelle sans cesse leur condition d’étrangers sur ses terres. Ne se fiant pas aux visages amicaux et commerciaux que les hommes blancs laissent paraître, elle écrit continuellement à l’administrateur Faidherbe pour lui faire renoncer à toute envie de conquête. En 1851, elle lui envoie une missive : « Le but de cette lettre est de vous faire connaître que l’Ile de Mboyo m’appartient depuis mon grand-père jusqu’à moi. Aujourd’hui, il n’y a personne qui puisse dire que ce pays lui appartient, il est à moi seule.
Ndaté se considère comme la seule souveraine du Royaume du Waalo et n’hésite pas une seconde à livrer des batailles acharnées aux Français qui oseraient défier sa légitimité royale. Elle va jusqu’à piller les environs de Saint-Louis pour narguer Faidherbe et lui rit au nez quand il réclame un remboursement des dommages causés.
Le poussant toujours un peu plus à bout, elle fait prévaloir ses droits sur les îles de Mboyo et de Sor, l’actuelle ville de Saint-Louis, et fait interdire tout commerce avec les français. Ces derniers n’en peuvent plus de son audace. Faidherbe rassemble toutes ses troupes et lance l’attaque contre le royaume insoumis, qui cette fois tombe sous les coups ennemis. Admiratif de la bravoure de la Linguère Ndaté Yalla, Faidherbe emmène le fils de la reine vaincue afin de le scolariser à l’école des otages de Saint-Louis. Mais Sidiya, 10 ans, a déjà reçu l’éducation trempée dans la fierté nationale de sa mère et refuse tout contact avec l’ennemi. Faidherbe le baptise Léon, fait de lui son filleul et l’envoie étudier au lycée impérial d’Alger, espérant que l’éloignement de sa terre natale assouplira son esprit, le rendant ainsi plus docile. En vain. Jusqu’à sa mort, le fils de la dernière Linguère défiera les français, refusant coûte que coûte de parler la langue des colons et de porter leurs vêtements. A ce jour, Ndaté Yalla Mboj, la rebelle, reste encore une des figures emblématiques.

(Statue de la Linguère Ndate yalla dans le Nord du Sénégal)


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